Si la danse, la transe, les sourires sur les lèvres, la transpiration qui dégouline des corps et l’énergie vitale dans les regards constituent le centre nerveux de la musique de Cissy Street, leur nouvel album révèle, en ombre cachée, comme un arrière goût amer après le sucré, derrière la danse, un petit piquant. Le souvenir que cette musique est celle des Black Panther, que sa sueur est aussi celle du travail et de la lutte et que James Brown chantait « Say It Loud ! I’m Black I’m Proud ». Que la révolution musicale s’accompagne d’une autre dans la rue : Cold Sweat, l’un des titres phare de l’histoire du funk, sort un an avant 68. C’est le reflet d’une période brulante. Et c’est dans cette dimension que le groupe lyonnais puise. Dans le cri qu’elle manifeste et son universalité. En témoignent ainsi les titres de cet album.
« Tric ! », en dialecte lyonnais, veut dire « grève » et fut le cri de ralliement de la révolte des imprimeurs de 1539. Car des Afro américains aux canuts il y a une criante cause commune. La même qui s’affiche quand les Black Indians de la Nouvelle Orléans s’approprient les symboles des Indiens comme symbole de lutte. Ainsi, pour jouer les Black Indians en Français, inviter les Fabulous Trobadors sur leur titre « Il nous ment », sorte de tube des manifs de 2003, apparut comme une évidence.